A peine rentré d’Erevan (Arménie) Jean Pierre Havrin* Adjoint au Maire (Prévention et Sécurité, Police Municipale, Protection du domaine public (nuisances), Sécurité civile et risques majeurs), se livre à une analyse pertinente ; fort de son expérience dans le domaine de la sécurité.
Le retour de la « Police de Proximité » -ou tout autre vocable à l’appréciation du gouvernement – dont il fut l’initiateur est finalement une belle revanche, bien qu’il s’en défende, désavoué en son temps par un certain Nicolas Sarkozy, alors Ministre de l’Intérieur…
« On s’aperçoit – explique JP Havrin – qu’il existe deux sortes de pays, ceux qui ont une police proche des citoyens et en général, ça fonctionne plutôt bien et ceux qui misent l’essentiel de leur politique en la matière, sur la répression à tous crins, au service unique du pouvoir et là… les résultats, ou plutôt les « non résultats » parlent d’eux – même !
La Police dans son ensemble avec ses personnels sait faire les bons choix non pas axés uniquement sur la prévention, mais sur le contact, qui permet de mettre en fonctionnement, une « répression » éclairée, ciblée et plus intelligente ! »
Concrètement, comment se traduit le redéploiement de la Police Municipale à Toulouse ?
Il faut éviter de se tromper et de faire des amalgames, comme par exemple, assimiler des quartiers entiers aux actes d’une voyoucratie minoritaire. Cela ne peut qu’aggraver le fossé entre la police et la population.
Concernant la Police Municipale, elle doit tout simplement être au service des Toulousains, être finalement un vecteur privilégié entre les élus municipaux et la population.
Depuis le premier juillet, la ville est découpée en six secteurs et soixante policiers municipaux sont sectorisés par équipes. L’alchimie fonctionne d’ores et déjà et en lieu et place des voyous qui s’appropriaient les quartiers, c’est la population dans son ensemble qui au final s’approprie les policiers, les intégrant facilement à leur quotidien. D’où une plus grande satisfaction des Toulousains et ils nous le font savoir !
Le fonctionnement est simple et bien rôdé : Chaque équipe est munie d’un portable attribué à chaque secteur, dont le numéro est largement diffusé auprès des citoyens. De fait la Police est au plus près de la population, avec un véritable suivi des problèmes au quotidien…
Un autre aspect, qui est loin d’être négligeable, réside dans le fait que les policiers sectorisés trouvent ce style de fonctionnement, beaucoup plus valorisant.
Sur des faits concrets, nous avons un retour très positif sur la façon dont les policiers municipaux ont géré le problème des sdf, ils ont reçu les félicitations de très nombreux Toulousains…
Quelles différences entre les polices ?
La Police Municipale ne doit pas être un fac similé de la Police Nationale. Il convient que ces personnels ne s’identifie pas comme étant un sous produit mais se forgent une véritable identité en restant eux – même ! Ainsi ils se valoriseront à leurs yeux et à ceux de la population.
Mais cela existe bien dans l’esprit des gens, qui font la différence et souhaitent comme nous que les deux polices soient complémentaires.
Pour une police municipale armée ?
C’est là, une autre matière à réflexion ! L’armement de la PM est un choix important que nous devrons trancher dans un proche avenir.
Dans les faits les patrouilles de nuit restent armées. Nous avons ouvert des négociations avec la Police Nationale afin de remettre à plat, les missions, en renégociant la convention qui nous lie. Dès que notre réflexion commune aura abouti, nous nous reposerons la question de l’armement. Cela est rendu nécessaire en raison de l’erreur de conception flagrante sur la notion de Police Municipale de l’ancienne municipalité.
Sur la notion de statistiques, les faits sont têtus et la réalité nous dit que l’on peu avoir de bonnes stats tout en faisant une mauvaise police… En effet les statistiques ce n’est pas remplir les carnets à souche en ne remplissant pas sa mission auprès du citoyen, car en même temps que l’on se gargarise de bons résultats, la délinquance augmente de manière sournoise.
La sécurité, c’est un travail de longue haleine, l’agitation et les effets d’annonces vont à l’encontre de résultats fiables et significatifs. Il faut prendre en compte le temps.
Il m’apparaît qu’à Toulouse, nous sommes sur la bonne voie !
*(Jean Pierre Havrin est Président depuis huit ans de l’Union Sportive des Polices d’Europe qui regroupe quarante pays)