mardi 2 septembre 2008

3 questions à … … Gisèle Verniol, adjointe déléguée à l’éducation


Gisèle Verniol a dressé en Conseil Municipal un tableau inquiétant de la rentrée scolaire avec les nouveaux programmes pour l’école primaire. « Jamais - dit-elle, réforme n’aura autant fait l’unanimité contre elle, de la gauche à la droite, de Luc Ferry à Jack Lang ; tous s’accordent pour dénoncer, l’incohérence de ces programmes, la concertation de façade et le mépris des professionnels. » Un constat également pour Gisèle Verniol, qui a pu voir l’état révoltant des bâtiments scolaires toulousains, c’est un drôle de cadeau qu’a laissé la précédente municipalité qualifiée, pour le moins de négligente…

Le slogan de Nicolas Sarkozy « travailler plus pour gagner plus », va se décliner à l’école, en « faire plus en moins de temps ». Quelles conséquences, peut-on envisager pour les élèves et les enseignants ?
Le slogan du président « travailler plus pour gagner plus » se déclinera à l’école, par : « Travailler plus en moins de temps » : Résultat ; incohérence, recul sur les contenus et mépris des professionnels qui ont apporté leurs remarques… Mais aussi déni de concertation avec les partenaires de l’éducation partagée que sont les collectivités territoriales.
Travailler plus en moins de temps, parce que la réforme des programmes s’accompagne de la modification du temps de la scolarité obligatoire ! (24 heures de cours par semaine, au lieu de 26). Le Ministre a traduit cette modification des horaires par une simple annonce au journal télévisé : «il n’y aura plus classe le samedi matin dans les écoles» et cette annonce personne ne l’a comprise : et le mercredi alors ? Ce n’est pas prévu.
Incompétence et recul aussi, parce qu’à aucun moment de l’élaboration il n’a été pris en compte les avancées pédagogiques et le rythme de vie de l’enfant. Au final, c’est une présentation « allégée » de programmes plus lourds, qui seront dispensés en moins de temps, au détriment de nombreuses matières.

Cette réforme est une attaque sans précédent de l’école publique ?
Oui, car l’égalité des chances est mise à mal et cette réforme illustre une fois encore le désengagement de l’Etat sur les collectivités territoriales… Il est vrai que l’on a l’habitude de dire que la maison Education Nationale ne veut jamais être réformée. Cette fois en guise de réforme, c’est un emplâtre sur une jambe de bois, de la démagogie pure et simple.
Il reste évident qu’il faut travailler au plus près des causes des échecs scolaires. Ce système prôné par le Gouvernement met à mal les élèves, il y aura forcement une rupture dans l’apprentissage alors qu’il devrait y avoir continuité. On va assister à un creusement dangereux des inégalités sociales et le Gouvernement qui entend se reposer sur les collectivités territoriales, se dédouane tout simplement en municipalisant l’éducation. Il y aura évidement des inégalités en fonction de la grandeur et des moyens de mairies. Différer la réforme est nécessaire car pour les maires, réduire les horaires de la scolarité obligatoire entraîne de lourdes conséquences, pour l’organisation de l’accueil, mais aussi des conséquences budgétaires

La rentrée sera difficile partout en France ! Et à Toulouse ?
L’état de santé des bâtiments scolaires est pire que ce que nous avions envisagé, beaucoup d’entre eux sont vétustes, inadaptés voire dangereux… L’école maternelle du Lac à la Reynerie par exemple. Comment peut on avoir envie d’apprendre, de faire son apprentissage, ses premiers pas vers l’école dans un endroit aussi peu adapté. C’est une école oubliée, une école de ghetto… Dans beaucoup d’établissements les travaux les plus urgents n’ont pas été réalisés. C’est un manque de respect vis-à-vis de l’école, des enfants et aussi du personnel enseignant ou de service.
On peut sans exagérer qualifier l’action, ou plutôt le manque d’action de la précédente municipalité de négligence mais aussi de manque d’intérêt ! C’était une gestion au coup par coup, il fallait un gros pépin pour qu’ait lieu une intervention, ou encore un élu interpellé par un citoyen ou une alerte de parents d’élèves… Dans tous les cas, on a été confronté à une gestion au jour le jour, mais jamais à une gestion tournée vers l’avenir.
Notre priorité aujourd’hui c’est la mise en place d’un audit sur les 198 bâtiments scolaires, il interviendra d’octobre à mars, ensuite fin mai nous procéderons à une analyse des données et enfin en juin sera élaboré un plan pluriannuel. D’ores et déjà l’enveloppe des travaux pour les écoles a été doublée et le renouvellement du parc informatique pour les écoles élémentaires est une réalité.