- La rentrée 2008 sera l’année des nouveaux programmes pour l’école primaire.
C’est une première : jamais réforme n’a autant fait l’unanimité contre elle, de la droite à la gauche, de id="SPELLING_ERROR_0">Luc Ferry à Jack Lang tous s’accordent pour dénoncer :
· L’incohérence de ces programmes,
· la concertation de façade
· et le mépris des professionnels qui les avaient pourtant amendés.
Incompétence et recul aussi, parce qu’à aucun moment de l’élaboration il n’a été pris en compte les avancées pédagogiques et le rythme de vie de l’enfant.
Au final, c’est une présentation allégée de programmes plus lourds, qui seront dispensés en moins de temps, des changements qui se font au détriment de nombreuses matières : à titre d’exemple, il reste 5 heures en cycle 2 pour étudier, les langues étrangères, l’instruction civique et la morale, l’histoire, la géographie, les arts visuels, les TICE, l’histoire des arts, et les sciences.
Le slogan du président « travailler plus pour gagner plus » se déclinera à l’école « faire plus en moins de temps » :
incohérence, recul sur les contenus et mépris des professionnels qui ont apporté leurs remarques…
mais aussi déni de concertation avec les partenaires de l’éducation partagée que sont les collectivités territoriales.
Travailler plus en moins de temps, parce que la réforme des programmes s’accompagne de la modification du temps de la scolarité obligatoire : 24 heures de cours par semaine, pour 26.
Le Ministre a traduit cette modification des horaires par une simple annonce au journal télévisé : «il n’y aura plus classe le samedi matin dans les écoles» et cette annonce personne ne l’a comprise : et le mercredi alors ? Ce n’est pas prévu.
Pour le ministre la France, c’est Paris… Ailleurs ils n’auront qu’à se débrouiller si toutefois il a connaissance d’un ailleurs….
Incompétence et mépris qui exaspèrent à tel point les maires, que c’est le président UMP de l’AMF (Association des Maires de France), Jacques Pélissard qui mène la fronde contre le Ministre et demande à surseoir à la mise en place de la réforme à la rentrée 2009.
Différer la réforme est nécessaire car pour les maires, réduire les horaires de la scolarité obligatoire entraîne de lourdes conséquences, pour l’organisation de l’accueil, mais aussi des conséquences budgétaires
Cette réforme oblige dans l’urgence à :
· Réorganiser les emplois du temps des personnels communaux, en particulier celui des ATSEM,
· modifier le fonctionnement des équipements ouverts aux scolaires,
· mettre en place une nouvelle contractualisation avec les associations et prestataires de service intervenant dans le périscolaire.
Les demandes de l’AMF , du réseau français des villes éducatrices reçoivent une fin de non recevoir, le cabinet du ministre estimant que le délai n’est pas si court :
le décret est paru le 15 mai.
La réforme de la semaine, l’obligation d’accueil, le fameux SMA (Service Minimum d’Accueil), les stages de remise à niveau, tout s’ordonne sans concertation préalable avec les mairies qui sont les partenaires de l’état : les maires sont devenus pour ce gouvernement des obligés du tiroir-caisse. La responsabilité n’est jamais abordée, particulièrement pour les stages de remise à niveau et l’accueil obligatoire.
Vous avez compris la rentrée scolaire sera difficile et coûteuse.
A Toulouse, l’Inspecteur d’Académie a accédé à notre demande : nous serons en situation dérogatoire, les élèves auront cours 9 1/2 journées avec raccourcissement de la journée de trente minutes et allongement d’autant de la pause méridienne.
L’allongement du temps périscolaire pour les seules écoles élémentaires équivaut à Toulouse à un surcoût de 1 500 000 euros .
Cette réforme est une attaque sans précédent de l’école publique où l’égalité des chances est mise à mal, et qui encore une fois illustre le désengagement de l’état sur les collectivités territoriales.
Dans le cadre de la préparation de cette rentrée à Toulouse, j’ai visité les écoles, quelques écoles, pas toutes.
Aux visites se sont ajoutés vos coups de fil, chers collègues après les conseils d’écoles.
Le constat est désastreux.
Désintérêt, négligence, manque d’anticipation et logique de la dette zéro qualifient votre bilan pour ce qui concerne nos écoles.
Nous avions au cours de notre campagne dénoncé l’état des bâtiments scolaires et envisagé un audit pour la mise en place d’un plan pluriannuel de remise en état des écoles : la réalité des conditions d’accueil des élèves dépasse largement notre évaluation de campagne.
Ce n’est pas un plan de remise à niveau pour certaines écoles qu’il faut envisager : il faut simplement les démolir car les réhabiliter nous coûtera plus cher.
A titre d’exemple :
Le Lac, école maternelle dans le quartier de la Reynerie, école que vous avez visité pour votre plan de communication de la rentrée dernière : une fois les photographes partis vous n’avez rien fait pour cette école et les mots ne suffisent pas à décrire les conditions d’accueil des tout petits : une école maternelle dans des locaux inadaptés et vétustes, un office où depuis décembre le volet n’a pas été remplacé, et où la fenêtre est sécurisée par une planche. Les ATSEM travaillent donc sans lumière du jour, sans aération et sans ventilation naturelle, depuis 8 mois.
Désintérêt et négligence mais aussi, manque d’anticipation.
Le nouveau groupe Jean Gilles qui devrait accueillir Gallia maternelle et le Lac n’a pas été prévu à hauteur de l’effectif de ces deux écoles réunies, il manque deux salles de classes et le groupe ne sera livré qu’en 2010 : 2 années scolaires à vivre.
Manque d’anticipation encore :
Quartier Borderouge : 2 groupes scolaires, l’école maternelle de la Maourine prévue pour 3 classes verra à la rentrée l’ouverture de la 5ème classe, ce qui suscite la colère, justifiée, des familles. Mais devant l’urgence, nous ne pouvons que mettre en place un bungalow pour accueillir les 45 élèves qui devront être scolarisés.
Manque d’anticipation, gestion à la petite semaine : quand vous accédez à la demande de l’I A (Inspecteur d’Académie) en octobre dernier, de surseoir à la livraison en septembre 2008 du 3ème groupe scolaire de Borderouge, alors que vous maîtrisiez l’urbanisation sans intégrer la démographie !
C’est aussi la conséquence de la logique comptable de la dette zéro dont vous étiez si fiers.
La rentrée sera difficile partout en France, pour nous à Toulouse, elle le sera plus qu’ailleurs.
En matière d’héritage familial on a coutume de dire que les enfants ne sont pas obligés d’hériter des dettes des parents : nous on est bien obligés d’hériter des vôtres et elles dépassent considérablement nos prévisions.
A ce jour, ce sont les petits toulousains et l’ensemble de la communauté éducative qui subissent les aléas de votre gestion du patrimoine scolaire.
Mes chers collègues, je vous remercie pour votre attention.
Gisèle VERNIOL