jeudi 31 juillet 2008

Pierre Cohen commémore Jean Jaurès

C’est avec émotion et fierté que je réponds à la demande du comité de ville du Parti Socialiste de rendre hommage à Jean Jaurès.

Ce 31 juillet 2008 marque en effet le 94° anniversaire de son assassinat.

Mon émotion, je sais que vous la partagez.
Durant les 37 dernières années, les socialistes se sont retrouvés ici même alors qu’ils étaient dans l’opposition au Capitole. Aujourd’hui les socialistes, grâce à vous, grâce à nous tous, avec la gauche toute entière font vivre la ville dans l’intérêt de toutes les toulousaines, de tous les toulousains.

Il y a donc une émotion légitime de commémorer Jean Jaurès avec les socialistes au pouvoir à la mairie.

Il y de la fierté évidemment.

Cette fierté vient de l’âpreté du combat politique que nous avons du et su mener.
La droite avait érigé un véritable système clientéliste et avait débauché dans nos rangs comme à chaque élection.

Mon hommage à Jean Jaurès commencera donc par cela : dire que le rassemblement des socialistes et le rassemblement de la gauche sont la condition nécessaire des victoires.

Depuis plus de quatre vingt dix ans, excepté les années noires des deux guerres, les socialistes toulousains se rassemblent le 31 juillet pour affirmer que Jean Jaurès était un des notres, pour dire que les pensées de Jean Jaurès continuent de nourrir notre réflexion politique et que l’exemple de Jean Jaurès nous inspire dans nos combats.

Je salue tous les orateurs qui m’ont précédé, au premier rang Jean-Jacques Mirassou, qui dans quelques jours va entrer en campagne électorale.

Nous serons avec toi Jean Jacques, avec Bertrand et avec nos camarades dans cette nouvelle campagne autour de Pierre Izard qui vous conduiront au Sénat.

L’an prochain, en 2009, nous aurons à commémorer le 150° anniversaire de la naissance de Jean Jaurès. Je souhaite que nous nous mobilisions, que nous innovions pour mener à bien cette commémoration, que nous nous saisissions de cette occasion pour populariser encore la pensée de Jean Jaurès, pour mettre en avant les valeurs que nous défendons, celles du socialisme.
Car la pensée de Jean Jaurès est toujours actuelle.

Bien sûr son français magnifique, son art oratoire restent une référence, mais le fond de sa pensée est au coeur de nos réflexions actuelles.

Je vais en prendre quelques exemples.

Le dernier conseil des ministres de Fillon-Sarkozy nous fixe un agenda.
Je remercie par avance nos parlementaires pour le travail qui sera accompli. Deux lois, au moins, auraient insurgé Jean Jaurès l’humaniste social, l’homme qui avait toujours en tête le sort des plus démunis.

La loi sur le logement social que présente Christine Boutin, dont l’objectif essentiel est de vider de son contenu la loi SRU c’est-à-dire une loi qui met en place la solidarité urbaine, qui impose la mixité contre les quartiers ghettos, une loi que la gauche avait mis en place. Ce projet de loi Boutin va à l’encontre de nos idées, des idées de Jaurès sur la solidarité, et nous devrons tout faire pour en empêcher le vote et l’application.

La loi sur les prisons, présentée par Rachida Dati lors du même conseil nous rappelle que les prisons françaises sont en surpopulation. Le taux d’occupation est de 200% Les conditions de vie sont désastreuses et à cause de cela la France est montrée du doigt par les institutions internationales dans les rapports sur les droits de l’homme.

Jean Jaurès, l’humaniste, l’homme qui combattit pour la dignité des plus démunis, des plus faibles de notre société serait révolté comme nous le sommes.
Car cet état de fait est le résultat d’une politique répressive, une politique inefficace menée par Sarkozy poursuivie par Hortefeux.

Le même Hortefeux qui fait arrêter, retenir et expulser les étrangers sans papiers
dans des conditions scandaleuses.
Quand nous nous lançons dans ces combats pour la dignité de l’homme, comment ne pas penser à Jaurès ? Comment ne pas sentir que nous portons en nous les espoirs et les luttes de tant et tant de nos camarades aujourd’hui disparus ?

Mais Jean Jaurès nous accompagne aujourd’hui à Toulouse dans notre action quotidienne.

Quand nous nommons un maire-adjoint en charge de l’égalité, de la diversité et de la prévention de l’exclusion , quand nous nommons trois conseillers délégués en charge de l’égalité hommes femmes, de la promotion de la diversité, de la promotion de l’égalité,nous nous sentons en harmonie avec Jean Jaurès.
Nous montrons par l’exemple à nos concitoyens qu’entre la gauche et la droite il y a un fossé, celui des valeurs de l’égalité, de la laïcité, de la dignité humaine des valeurs qu’a défendu Jaurès toute sa vie.

Quand, avec le PRES, dans le cadre du plan Toulouse campus, nous construisons l’université de Toulouse, nous savons qu’il s’agit là d’un grand combat toulousain de Jean Jaurès. Professeur puis maire-adjoint il voulut donner vie à l’Université de Toulouse. Il était persuadé que dans l’éducation, dans la connaissance se situait un avenir harmonieux pour l’humanité.

Cette conviction nous la partageons.

Quand nous réinstallons l’université dans la ville en redonnant une nouvelle vie aux Allées Jules Guesde, nous commémorons Jaurès.

Quand nous nous battons pour faire de Toulouse une grande métropole européenne de l’enseignement supérieur et de la recherche, nous poursuivons les ambitions de Jaurès.

Quand nous voulons que la culture scientifique soit accessible par tous, nous nous situons dans la volonté éducatrice de Jaurès.

Je pourrai développer aussi notre volonté de redonner à l’école publique dont nous avons la responsabilité les moyens nécessaires pour accueillir les jeunes dans de bonnes conditions et surtout pour leur fournir les outils culturels et sociaux de la réussite. On ne peut pas oublier que Jean Jaurès a été le créateur de la Caisse des Ecoles, nous qui faisons de la réussite des jeunes un de nos objectifs

Humaniste, militant inlassable de la dignité et de l’éducation, Jean Jaurès a été aussi visionnaire.

Dans un discours aux bacheliers du lycée de garçons de Toulouse, notre Lycée Pierre de Fermat, discours qu’il prononce en 1892 alors qu’il est maire-adjoint délégué à l’instruction publique, Jean Jaurès explique aux jeunes combien la société moderne, celle qui se présente à eux sera une société collective, où la personnalité des individus sera malmenée, voire niée.

Permettez une citation :
« Partout, les individualités humaines sont engagées et entraînées dans de vastes ensembles ; partout les énergies individuelles sont comme prises dans un mécanisme d’acier…
Il importe, jeunes gens, que vous sachiez créer en vous-mêmes, dans vos consciences et dans votre esprit, des individualités énergiques et résistantes »

Il faut bien convenir que Jaurès avait raison.

Notre société faite de marketing et d’offres incessantes empêche les individus de penser par eux-mêmes, les transforme en leur tour en produits, en machines à acheter, en temps de cerveau humain disponible comme disait le patron de TF1.

Les socialistes, à la suite de Jaurès doivent inciter les jeunes à se construire,
à affirmer leur identité d’homme ou de femme, de citoyen.

C’est essentiellement dans et par les luttes que ce mouvement de politisation,
de prise de conscience de soi dans le monde se produit.
On sait de ce point de vue l’importance de Mai 68 en France, de SOS Racisme
ou plus récemment du mouvement anti CPE.

Les socialistes et particulièrement les jeunes, le MJS, doivent être attentifs aux développements des luttes, aider les jeunes à s’organiser, les aider à devenir des êtres politiques ces « individualités énergiques et résistantes » pour reprendre les mots de Jaurès dont la société toute entière a besoin.
Nous savons que la rentrée scolaire et universitaire sera un moment crucial car les réformes de Darcos et de Pécresse seront contestées.

Commémorer Jean Jaurès c’est être partie prenante de ces luttes.

Commémorer Jean Jaurès c’est aussi offrir aux toulousaines et aux toulousains des cadres pour exercer leur citoyenneté,c’est le sens de ce que nous engagerons à la rentrée sous le titre de Toulouse citoyenne.

Pour conclure,Chers camarades, je reviens un instant sur l’actualité.
Le Monde titrait récemment sur un propos de je ne sais quel membre du gouvernement déclarant que la droite avait gagné la bataille idéologique.

Ce n’est pas parce que Sarkozy a multiplié les citations tronquées de Jean Jaurès tout au long de la campagne présidentielle, ne retenant que Jaurès défenseur de Dreyfus et oubliant le Jaurès des grèves de Carmaux,le Jaurès pacifiste,le Jaurès défendant la baisse du temps de travail le Jaurès de l’internationale Socialiste, le Jaurès, défenseur de l’impôt comme fondement de la justice sociale et de la répartition, ce n’est pas cette petite provocation qui doit leur permettre de penser qu’ils ont une fois encore assassiné Jaurès.

Chers camarades, chers amis Jaurès vit parmi nous
La droite n’a pas gagné la bataille idéologique.

Nos valeurs, celles du socialisme de Jaurès, celles des résistants et du Conseil National de la Résistance, celles des militants de la décolonisation, nos valeurs de justice, de laïcité, d’égalité, de liberté, de fraternité, nos valeurs socialistes
sont toujours et plus que jamais actuelles.

Mobilisons nous,
Faisons avancer la société vers un monde meilleur,
Relevons le défi
le combat idéologique est le pain quotidien du militant socialiste.

« Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire : c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe »

En s’adressant aux lycéens d’Albi, Jaurès nous parlait.

Courage, camarades, avec Jean Jaurès, « une invincible espérance vit en nous »

Pierre Cohen